La semaine dernière, un frontalier qui a parqué sa voiture en Suisse pendant sa journée de travail a eu la mauvaise surprise de trouver un petit papier sur son pare-brise.
Celui-ci précisant que s’il continuait à stationner dans cette rue, il pourrait avoir des ennuis. Bref, l’œuvre d’un imbécile aigri.
L’ironie de l’affaire tient dans le fait que ce frontalier est un genevois qui, comme quelques milliers de ses congénères, a choisi de venir vivre en France voisine. Il n’en fallu pas plus pour que les médias s’emparent de l’affaire.
Un journaliste d’une grande chaîne française nous a contactés. Il tenait absolument à mettre en avant les tensions entre les populations de la région, le « racisme » anti frontalier et les risques de heurts entre Suisses et Français.
Au fil de notre discussion, son désappointement ne fit que grandir. Désolé mais cela se passe plutôt bien.
Évidemment qu’il peut exister des dérapages. Mais dans une région au tissu urbain de plus en plus imbriqué, où la frontière s’efface de jour en jour, où plus de 110 000 personnes passent quotidiennement de l’autre côté pour travailler, le climat apparaît serein.
Voilà sans doute la plus belle victoire de notre région Léman. Et curieusement personne n’en parle ! Existe-t-il de par le monde beaucoup de régions où un tel brassage de population ne génère pas de tensions ?
Plusieurs facteurs expliquent cet équilibre. Nous parlons la même langue, la géographie nous incite aux rencontres naturellement. Au fil de l’histoire, les échanges entre les populations se sont multipliés. Il suffit de voir le nombre de double nationaux pour s’en convaincre ! Et puis les intérêts économiques semblent évidents. Bref, nous avons réussi collectivement à construire un équilibre dont au final chacun tire un large bénéfice.
N’en déplaise à tous ceux qui voudraient le mettre en cause et tant pis pour certains médias, il arrive que les choses se passent plutôt bien.
Article publié le 12 octobre 2015 sur le Dauphiné Libéré.